samedi 2 août 2014

L'histoire est à chaque fois la même. Elle se déroule en 1916 et 1941, au début de la guerre de Corée, pour la conquête spatiale. Une Amérique à la traîne est mise au défi de relever une situation compromise, se bat et gagne. On découvre en visitant le Kennedy Space Center des Etats-Unis à la ramasse complète quand les soviétiques lancent Spoutnik, incapables de faire face, ne disposant que d'une technologie de communication rudimentaire. On a peine à le croire mais une fois encore ce pays partait de zéro ou presque. En moins de 10 années l'impossible défi posé par Kennedy est réalisé. L'URSS ? Le centre spatial en parle par ellipses, mais le message est clair : l'intelligence américaine finit par triompher de la force brute soviétique. C'est l'histoire tant de fois racontée pendant la guerre froide, Rocky contre Drago, la victoire des hockeyeurs américains en 1980, Bobby Fisher contre Boris Spassky. La force brute ne suffit pas. Pour gagner, il faut de la fantaisie, des neurones et une soif d'invention : la victoire est celle du libéralisme contre la planification.

Le Kennedy Space Center n'est pas un musée poussiéreux où l'on regarderait de vielles tenues d'astronautes sous verre : l'endroit fait revivre l'exploit d'une poignées d'hommes, vous fait partager l'angoisse du lancement de Saturne V et du délicat alunissage d'Armstong, et réussit même à simuler de la  plus incroyable des façons un départ de navette spatiale - avec vous à l'intérieur, stupéfait après la mise en orbite par la fenêtre ouverte sur notre bonne vieille terre. La tête en bas, ou en l'air - on ne sait plus vraiment - vous voilà projeté directement au-dessus de la Corse.

Un autocar vous transporte dans le local consacré à Saturne V. On reste bouche bée devant la reproduction du plus gros engin volant jamais construit, allongé pour une meilleure compréhension au long d'un édifice immense. Dehors, des escaliers permettent d'assister à des lancements. Nous n'avons pas eu cette chance, l'événement qui était prévu le jour de notre visite a été ajourné pour cause de tempête tropicale.

mercredi 30 juillet 2014

Orlando, Celebration, les parcs

On est en droit - j'hésite à écrire "en devoir" - de ne pas aimer Disney. Difficile de ne pas s'agacer devant ses personnages aux expressions stéréotypées et le mauvais goût dégoulinant, même de grands classiques comme Fantasia avec ses angelots culs nus, ses ballets d'hippos (pauvre, pauvre Ponchielli à jamais marqué par cette infamie) ou ses dinos qui écrasent bâillements sur bâillements.

Mais il faudrait être bouché à l'émeri pour ne pas reconnaître que les parcs Disney sont tout de même sacrément bien fichus. Accueil avec le petit train qui vous prend au pied de la voiture (ou presque) et vous laisse devant l'entrée, contrôle des tickets avec empreinte digitale, et tout cela sans la moindre trace d'humeur... Non, rien à dire décidément, l'ensemble est aussi bien bouclée qu'un lancement à Cap Canaveral.

En pratique c'est beaucoup de monde au même moment et au même endroit pour voir des choses qui, prises une par une, ne sont pas inintéressantes. Animal Kingdom surprend par son Everest en carton-pâte et cependant impressionnant. En fait rien de vraiment disneyien dans cette sorte de balade entre différentes atmosphères de régions du monde, toutes différentes et ma foi plutôt réussies.

Hollywood Studio retrouve le pire de Disney, mièvre et insipide. L'attraction est pensée autour du cinéma, avec une approche typique aux Américains et si dérangeante pour nous : la mise sur un pied d'égalité de classiques et d'oeuvres faciles. Quel rapport entre Charlie Chaplin et Police Academy ? Vincent d'Indy parlait dans sa correspondance du goût américain : "ils aiment la musique, je veux bien ! mais toute la musique ?" D'Indy continuait en disant du mal de Dvořák, ce qui est aussi une stupidité sans nom, mais l'observation n'est pas sans fondement : ce pays glorifie les succès populaires sans mettre en perspective la valeur des oeuvres. Etrange, car je ne sache pas que Star Wars soit supérieur, ne serait-ce que pour une minute, à 2001, le film de Kubrick.

Disney avait rêvé une ville idéale. Une rumeur tenace veut qu'elle ait été construite, sous le nom de Celebration, à côté d'Orlando. C'est faux : cette ville existe bien, mais elle ne suit pas le projet de Disney. Avec le recul, son plan évoque davantage un cauchemar de futurologue de l'après-guerre : un immense dôme transparent devait protéger la cité des aléas météorologiques. La terre ferme était réservée aux piétons : tous les véhicules devaient se déplacer sous terre, par des voies rapides reliant entre eux les parkings. On ignore si les policiers étaient déguisés en Goofy. On croirait voir Jadencourt, la Ville qui n'existait pas dépeinte par Christin et Bilal dans un livre clairvoyant.

En réalité Celebration est une petite ville proprette, harmonieuse, avec des boutiques toutes pimpantes et des autos qui semblent sortir d'une séance de lustrage. Les rues sont impeccablement tenues et les maisons entourées d'une pelouse coupée au millimètre. Une ville parfaite ? Voire. Mais les peintres italiens de la Renaissance n'imaginaient pas quelque chose de foncièrement différents dans leurs propres projets.



  

lundi 28 juillet 2014

2014 La Floride, par défaut

Vous pensez que la Floride, ce sont des Américains bedonnants en chemise à fleurs, trouvant tout naturel de rejoindre la mer en traversant la plage en 4x4 ? Des parcs d'attractions stupides et chers où se presse une foule compacte et braillante ? D'immenses étendues marécageuses où se tapit l'alligator invisible ? Une autoroute qui traverse une mer pour relier deux régions vouées aux fêtes nocturnes ?

Alors nous pensons la meme chose.  Passer trois semaines de vacances dans un mélange de Disney et de Club Med n'est pas la perspective la plus alléchante qui soit, n'est-ce pas ?

Pourtant un regard sur les guides révèle autre chose. A Cap Canaveral, on visite l'endroit d'où a été lancée Saturn V vers la lune. Vers Tampa, plusieurs musées suscitent tous les éloges. Les eaux de Sanibel sont paraît-il d'une qualité unique, laissant contempler daupins et lamentins. A Florida City, l'on peut toucher des alligators. Et au bout de Key West l'on trouvera la maison d'Hemingway.

Tout 2013 nous avons attendu la baisse des prix pour le billet vers l'Amérique. Elle n'est jamais venue. Alors quand le moteur de recherche de Goggle Ita Matrix nous a proposé un billet mille euros moins cher que partout ailleurs nous avons saisi l'occasion. C'est ainsi que par défaut nous avons établi notre région de vacances 2014 : aller Paris-Orlando avec escale à Charlotte, puis retour direct Miami-Paris , avec US Airways.

Floride, état superficiel et stupide ou véritable destination de qualité ? Nous le saurons très bientôt.