mercredi 11 septembre 2013

3. Vers Saint George, Utah

Sur la route vers Moab
La route vers St George dans l'Utah n'a pas de charme particulier, hormis celui, inestimable, de renouer avec les joies de la conduite en Amérique, placide, efficace, et si accessible pour nous, Européens compliqués ; vitesses automatiques, régulateur, siège confortable et large vue sur un horizon libre de toute embûche. Après des mois d'énervement dans la région parisienne, avec de braves automobilistes qui vous agonissent d'injures si vous roulez bêtement à 50 quand le panneau indique "50", et que vous avez de surcroît l'impertinence de ralentir à proximité des écoles, quelle joie de retrouver une route où l'agressivité n'est pas de mise. Je ne dis pas que là-bas les limitations de vitesse sont respectées, mais au moins celui qui veut filer droit vous dépasse sans chichis et file vivre sa vie de Fangio.



Vitesse et tranquillité 



La signalétique est claire et pragmatique. Le code de la route concourt à rendre la conduite agréable : au feu rouge, on peut tout de même tourner à droite s'il n'y a personne, après avoir observé un temps d'arrêt. Pas de rond-point : aux intersections, chacun a un panneau "stop". Les voitures passent à tour de rôle dans leur ordre d'arrivée. Je me suis laissé dire que les carrefours giratoires, en France, sont facturés au bas mot 100.000 euros, sachant que la note peut monter jusqu'au million. Si de telles sommes sont exactes, il y aurait là matière à soulager le contribuable en prenant les Etats-unis en exemple - un croisement, quatre panneaux - à condition que les autorités prennent la mesure de leur mission, en l'occurrence faire respecter la réglementation routière.

A ce niveau de la discussion, il arrive toujours qu'une bonne âme vante les mérites de l'âme latine, rebelle à toute contrainte. La belle affaire ! On aurait donc le droit de maltraiter son prochain en se comportant comme un fieffé malappris au nom d'une prétendue culture latine ? Bien commode excuse pour ne pas affronter le réel : le problème est avant tout politique. Courage et opiniâtreté sont indispensables pour changer les choses - mais n'est-ce pas la moindre de choses que l'on attend d'un élu ?

Les policiers américains sont réputés pour leur intransigeance. Je n'ai pas eu l'expérience de me faire arrêter, mais j'avais les consignes en tête : s'arrêter sur le côté, baisser la vitre, poser les deux mains sur le volant. Et sourire. Ce pays ne rigole pas avec les conducteurs du dimanche. Sur la route, des panneaux rappellent que jeter un papier par la fenêtre - "no littering" - vous coûtera mille dollars. Dans les zones de travaux, l'amende pour excès de vitesse, déjà salée, sera simplement doublée. Dissuasif.


Paquetage du missionnaire en herbe

Saint George dans l'Utah, c'est déjà les Mormons. Dans la boutique "Deseret Book", près du supermarché KMart, je retrouve ce qui m'avait tant interloqué il y a deux ans. Les livres bibliques, les guides pour devenir missionnaires (ces jeunes hommes en chemise blanche en propres sur eux qu'il nous arrive de croiser dans notre contrée de mécréants), un kit du parfait petit mormon, avec mini bible et friandises chocolatées. Je feuillette un livre intitulé "Sept miracles qui sauvèrent l'Amérique". Il se termine par l'assassinat raté de Donald Reagan. Je trouve un jeu d'échec où blancs et noirs deviennent "Nephites contre Lamanites", selon la mythologie locale. Sans être le moins du monde concerné par les croyances diverses, je reste étonné devant la tranquille candeur avec laquelle tout ce matériel de propagande est mis en exergue. Il ne manque que Ned Flanders et ses insupportables "salut-sali-salou, voisinou !"





Le soir, nous visitons les alentours d'un temple aux façades blanches striées par le vol alerte de pipistrelles. Ce vaste édifice de la Church of Jesus Christ of Latter-day Saints (ou LDS Church, Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours) n'était pas ouvert au public. Nous aurions pu y retrouver un canon français qui servit à Moscou du temps de Napoléon, arrivé ici après de longues pérégrinations.

Temple de Saint George, Utah

Mais ce ne sont pas les affaires religieuses qui nous ont attiré à Saint George. La région est riche en ressources touristiques, bien que les visiteurs rechignent à s'y arrêter. Nous ferons ici nos premières randonnées mémorables, seuls dans l'immensité.

"Je sais que les Écritures disent vrai" - "Je veux devenir un missionnaire maintenant"

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