lundi 16 septembre 2013

5. Moab

R & R Frontier Village, entre St George et Moab

Exaltés et pour tout dire un peu surpris d'être revenus sains et saufs de notre première vraie randonnée, nous reprenons aussitôt la route vers Moab, idéalement située près de deux célèbres parcs naturels, Canyonlands et Arches. Cette étape au départ de Saint George s'annonce comme étant la plus longue de notre séjour. Près de six heures de route nous attendent. Nous aurons la consolation de pouvoir nous installer à destination pendant quatre journées entières, sans bagages à faire et à défaire ni nouveau trajet de longue haleine.

A mi-chemin, je remarque en contrebas de la route une large baraque au toit vert. Un restaurant ? En effet. Le R & R Frontier Village accueille les convives par une statue rodéo très évocatrice qui fait songer à une attraction touristique. Pourtant non, c'est un authentique restaurant fréquenté par les gens du coin. Nous sommes bien tombés. La nourriture y est excellente et je me promets de laisser une appréciation très convenable dans Google Maps, même si nous lirons sur ce site d’autres commentaires plus mitigés. La qualité de la cuisine est peut-être inégale ? Mais ce jour-là nous y dégustons une viande de première classe, rapidement servis avec le sourire et sans se faire assommer par l'addition.

En début de soirée voici enfin Moab. Le voyage a été fatiguant, mais pas plus qu'une journée de bureau à rester assis derrière un écran, à envoyer des courriels à des gens singulièrement obtus et à recevoir des appels d'autres gens qui vous trouvent étrangement borné.

Le nom bizarre de cette ville est peut-être influencé par la Bible, ce qui se comprendrait dans cet état si pieu. Mais l'hypothèse devient étrange si l'on souvient que le Royaume de Moab était, selon les Écritures, voué à l’idolâtrie et aux pratiques incestueuses ! A mille lieu des habitudes vertueuses de nos candides amis mormons. Une origine peut-être plus sérieuse prétend qu'un mot indien, "moapa", désignant les moustiques, a été donné au lieu. Quelle que soit la vérité, on retiendra que ce nom revendique deux filiations que l'on ne saurait imaginer plus opposées entre elles.


Moab by night

J'ai choisi le Bowen Motel pour sa proximité avec le centre ville. Au moins je ne serai pas obligé de conduire le soir. Redevenu simple piéton je pourrai même goûter à la bière locale. Notre chambre est au rez de chaussée, un détail appréciable puisque nous nous parquerons juste devant notre porte pour nous occuper des bagages.

Du Coca pour ceux qui en voudraient

La tranquillité de Saint George est bien derrière nous. Tous les motels affichent "no vacancy" et les touristes sont nombreux. Nous le saurions bien assez vite, ceux qui traînent des enfants sont des Français tout comme nous ; les Italiens viennent plutôt en couple, et les Asiatiques se déplacent par groupes entiers.

L'endroit ne devient pas oppressant pour autant. Les trottoirs sont larges, il y a de l'espace, la vue vers le ciel est dégagée. Les rues adjacentes, calmes et pittoresques, reposent des boutiques de bibelots. Moab reste une vraie ville américaine.

Les restaurants sont nombreux. Sur la foi de notre guide, nous testons le Moab Dinner. "Ouvert tous les jours", annonce fièrement le Guide du Routard, que je ne sais par quel masochisme nous avons emporté avec nous. Oui, en effet, "tous les jours"... sauf le dimanche. Et c'est justement dimanche. Faute d'outils pour enterrer l'encombrant Routard, comme Michel Houellebecq dans Plateforme, nous ravalons notre déception et choisissons au jugé le Pasta Jay's qui a tout de l'attrape-touristes. Impression hélas confirmée par les faits, nourriture ni bonne ni mauvaise, salle bruyante et service désordonné. Mais au moins les fleurs de la terrasse attirent des colibris. Ces "oiseaux bourdonnants" comme on les appelle ici (hummingbirds) viennent butiner du nectar sous nos yeux.
Hummingbird

Nous faisons la meilleure expérience gastronomique de tout notre séjour - selon moi - au Eddie McStiff's Restaurant qui sert une authentique cuisine de l'Ouest, robuste et savoureuse. Encore aujourd'hui mes papilles frétillent de joie à l'évocation d'un T-bone steak d'anthologie.

En semaine nous aurons l'occasion de revenir au Moab Dinner  Cet établissement typique sait jouer sur la corde sensible : banquettes de skin et comptoir en alu, serveuses alertes en tabliers rayés et morceaux de Cadillac aux murs. Evidemment, tous les Français s'y retrouvent sous l’œil langoureux d'Elvis Presley. Nous y prenons un solide breakfast - il nous faut bien cela pour nous préparer à de longues randonnées.





Moonlight sur la Pancake Haus







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