mercredi 30 juillet 2014

Orlando, Celebration, les parcs

On est en droit - j'hésite à écrire "en devoir" - de ne pas aimer Disney. Difficile de ne pas s'agacer devant ses personnages aux expressions stéréotypées et le mauvais goût dégoulinant, même de grands classiques comme Fantasia avec ses angelots culs nus, ses ballets d'hippos (pauvre, pauvre Ponchielli à jamais marqué par cette infamie) ou ses dinos qui écrasent bâillements sur bâillements.

Mais il faudrait être bouché à l'émeri pour ne pas reconnaître que les parcs Disney sont tout de même sacrément bien fichus. Accueil avec le petit train qui vous prend au pied de la voiture (ou presque) et vous laisse devant l'entrée, contrôle des tickets avec empreinte digitale, et tout cela sans la moindre trace d'humeur... Non, rien à dire décidément, l'ensemble est aussi bien bouclée qu'un lancement à Cap Canaveral.

En pratique c'est beaucoup de monde au même moment et au même endroit pour voir des choses qui, prises une par une, ne sont pas inintéressantes. Animal Kingdom surprend par son Everest en carton-pâte et cependant impressionnant. En fait rien de vraiment disneyien dans cette sorte de balade entre différentes atmosphères de régions du monde, toutes différentes et ma foi plutôt réussies.

Hollywood Studio retrouve le pire de Disney, mièvre et insipide. L'attraction est pensée autour du cinéma, avec une approche typique aux Américains et si dérangeante pour nous : la mise sur un pied d'égalité de classiques et d'oeuvres faciles. Quel rapport entre Charlie Chaplin et Police Academy ? Vincent d'Indy parlait dans sa correspondance du goût américain : "ils aiment la musique, je veux bien ! mais toute la musique ?" D'Indy continuait en disant du mal de Dvořák, ce qui est aussi une stupidité sans nom, mais l'observation n'est pas sans fondement : ce pays glorifie les succès populaires sans mettre en perspective la valeur des oeuvres. Etrange, car je ne sache pas que Star Wars soit supérieur, ne serait-ce que pour une minute, à 2001, le film de Kubrick.

Disney avait rêvé une ville idéale. Une rumeur tenace veut qu'elle ait été construite, sous le nom de Celebration, à côté d'Orlando. C'est faux : cette ville existe bien, mais elle ne suit pas le projet de Disney. Avec le recul, son plan évoque davantage un cauchemar de futurologue de l'après-guerre : un immense dôme transparent devait protéger la cité des aléas météorologiques. La terre ferme était réservée aux piétons : tous les véhicules devaient se déplacer sous terre, par des voies rapides reliant entre eux les parkings. On ignore si les policiers étaient déguisés en Goofy. On croirait voir Jadencourt, la Ville qui n'existait pas dépeinte par Christin et Bilal dans un livre clairvoyant.

En réalité Celebration est une petite ville proprette, harmonieuse, avec des boutiques toutes pimpantes et des autos qui semblent sortir d'une séance de lustrage. Les rues sont impeccablement tenues et les maisons entourées d'une pelouse coupée au millimètre. Une ville parfaite ? Voire. Mais les peintres italiens de la Renaissance n'imaginaient pas quelque chose de foncièrement différents dans leurs propres projets.



  

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