vendredi 2 septembre 2011

Retour vers l'enfer

Nous bouclons notre première partie du séjour par un retour à Las Vegas. De là, nous prendrons l’avion pour Los Angeles. Le temps des parcs nationaux, des arches de pierre et cheminées de fée est désormais derrière nous… En chemin, nous faisons une halte dans la ville de Saint George, au sud de l’Utah. Je me dirige vers ce que j’identifie enfin comme une grande librairie. Je me rends vite compte que le commerce tourne autour de trois thèmes : God, Son et Holy Spirit. Tous les livres sont soit la Bible, soit des commentaires de la Bible, soit des résumés de commentaires de la Bible. Même au rayon Enfants, je vois des épisodes de la Genèse sous forme de comics ou dessinés à la façon Disney.

J’aperçois enfin un stand Classical Music. Je dois vite déchanter : il n’y a pour ainsi dire que des hymnes ou des transcriptions grand public de chansons d’église chantées par des cowboys à chapeaux blancs. Je déniche à grand- peine un recueil de chorales par le Mormon Tabernacle Choir avec accompagnement d’orchestre symphonique. Une bonne surprise n’est pas à exclure, le chœur de Salt Lake City étant l’un des plus renommés qui soient, même si je n’imagine que trop bien les arrangements consensuels et insipides que je trouverai sur la galette. A défaut de vraie musique classique, le CD rejoindra ma collection pour témoigner de mon passage dans l’Utah et de mes vains efforts pour assouvir ma curiosité intellectuelle.

Midi approche quand la silhouette de Las Vegas apparaît au loin. Notre projet est de déjeuner dans un dinner vers la tour Stratosphere, puis de nous rendre à l’aéroport remettre la Dodge et attraper notre vol. En chemin nous longeons par hasard le Circus Circus avec son dôme en forme de chapiteau. C’est l’un des seuls casinos que nous n’ayons pas exploré en raison de son éloignement du Strip. Voilà l’occasion de parfaire notre expérience de Vegas. Nous changeons illico presto de plan et décidons de visiter le Circus Circus.

L’entrée du casino est si mal indiquée que nous croisons plusieurs fois des groupes de Chinois en quête de repères. Le parking est en travaux et personne n’a jugé bon de signaler les chemins de rechange pour accéder à l’entrée piétons… Nous finissons par l’identifier à la cohue des allées et venues. Après une semaine de grands espaces et de nature, la foule nous agresse comme une décharge de taser. La thématique du Circus Circus est parfaitement claire : fête foraine, grosse rigolade et montagnes de barbapapa.

Dès mon entrée dans le palace, je me sens l’âme du homard plongé dans le bouillon. Je retrouve en un éclair mes pires appréhensions du Las Vegas redouté avant le voyage. L’endroit est engorgé de sons agressifs et soumis à un féroce éclairage. Le décorum bariolé fait mal aux yeux, alors que la fête foraine vomit décibels saturés de hurlements. Des frères d’infortune qui crient leur mal-être devant cet étalage quasi-pornographique ? Hélas non, il s’agit simplement d’amateurs chavirés par des manèges virevoltants.

Quelques pas me mettent, pour la première fois en Amérique, en présence de la racaille. Le terme est peut-être excessif, je l’accorde, mais telle est l’impression que je ressens alors face à la brochette de blousons de cuir aux mines fermées, fermement campés sur leur territoire en marge des festivités, attendant on ne sait quoi ou on ne sait qui en scrutant la foule. Nous ne nous attardons pas pour approfondir l’observation.

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