mercredi 14 septembre 2011

Aux studios !

Alors que la barque où nous sommes coincés s’élève cran par cran dans un tunnel dégoulinant et incendié par des gyrophares, le plafond s’ouvre et laisse apparaître un tyrannosaure aux intentions franchement malveillantes. Un tambour crescendo entretient le stress avant que tout ne se résolve dans une brusque glissade couronnée par une magnifique gerbe d’eau. Nous voilà proprement détrempés sous l’œil goguenard des spectateurs du Jurassic Park. C’était bien la peine d’ironiser sur ces pauvres touristes vus à Page… Je jette un œil à Alexandra. Malgré les angoisses du tour et la douche finale, elle n’a pas l’air du tout traumatisée, si j’en juge par sa jubilation. Voilà qu’elle en redemande ! Bon, c’est déjà ça, l’attraction lui a plu. La journée est sauvée.

Dès la veille, je me suis renseigné à l’hôtel sur les réductions pour la visite. « No problem », me dit l’employé d’accueil. Il suffira de nous faire passer pour des accompagnants d’une famille d’Angelenos. Comment cela ? C’est simple, explique-t-il. Les gens d’ici ont droit à une réduction dont ils peuvent faire profiter leurs invités. Alors, mettez-vous à l’entrée du parc, et attendez qu’une voiture locale s’approche. Il suffira de lui demander de vous déclarer comme ses invités, et vous aurez droit à des entrées moins chères. Vous n’aurez aucun problème, les gens d’ici sont sympas, comme moi.

Mouais… je pressens une combine bancale. Je sais déjà que nous allons payer le prix fort plutôt que de tenter le coup avec des inconnus. Cependant une question me taraude : comment reconnaître de véritables habitants de Los Angeles ? Mon interlocuteur affiche un large sourire : rien de plus facile, they are like me !

Cela fait deux fois qu’il prononce cette phrase. Pourtant l’homme qui me parle est natif du golfe Persique et n’a rien d’un WASP. Je ne ressens nulle ironie dans son discours. Il est visiblement fier d’appartenir à son pays d’accueil et se considère sans aucune ambiguïté comme authentique Angeleno. Je comprends qu’il y a là quelque chose qui m’échappe, un sentiment d’appartenance à la communauté plus profond que je ne l’aurais imaginé.

Ce matin nous payons donc le plein tarif et pénétrons un parc encore désert. Du moins jusqu’à un certain point au-delà duquel l’accès est restreint. La foule se presse contre cette limite en attendant l’ouverture. Nous avons droit à un discours de bienvenue puis, quand retentit la fameuse fanfare d’Universal, les barrières s’ouvrent. Vite, aux dinosaures ! Notre objectif est de faire l’attraction le plus rapidement possible pour échapper à la cohue. Malheureusement l’accès au parc jurassique n’est pas encore ouvert. Un senior nous explique qu’il faut encore patienter et nous invite à faire d’autres manèges en attendant. Pas question, nous attendrons.

Nous observons du coin de l’œil ce vieux monsieur employé du parc. Nous ne sommes pas habitués à voir des personnes âgées en plein travail, quand chez nous elles sont à la retraite. Cela semble assez fréquent en Amérique. Il faut bien le dire, ces personnes ne semblent pas particulièrement malheureuses et n’ont de toute façon rien du pépé rabougri. Faut-il préférer ce genre de petit boulot à une retraite misérable ? En réalité, même si a priori l’idée de travailler si vieux nous choque, nous ne savons quoi penser.

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