mardi 2 août 2011

L'autre Las Vegas

Mais où se trouve le « vrai » Las Vegas, celui avec les casinos d’antan et les néons étincelants ? Dans le Downtown, quartier distant d’une dizaine de kilomètres. Nous prenons le bus bizarrement nommé Deuce, comme au tennis. Quelques touristes montent par la porte centrale réservée à la descente. Le chauffeur prend son micro et explique que les personnes désirant prendre le bus doivent le faire par la porte de devant. Les touristes ne bougent pas. Le conducteur répète son discours, ajoutant qu’il n’est pas question pour lui de reprendre la route tant que les gens ne montent pas par la seule porte autorisée. Une chose me frappe : il n’y a aucun affect dans sa voix, pas d’irritation ni le moindre énervement. Il se contente d’expliquer le règlement et invite calmement mais fermement les passagers à le respecter. Les récalcitrants rentrent dans le rang, nous pouvons repartir. Je compare avec nos habitudes bien françaises de râler et de s’énerver pour trois fois rien, même si ce comportement relève plus d’un jeu social que d’une réelle aigreur. De lointains souvenirs d’analyse transactionnelle me viennent en tête. Je me dis fugitivement que si les relations sociales à Paris adoptent un schéma Parent – Enfant, elles relèvent en Amérique de transactions Adulte – Adulte. Décidément, la magie de Vegas et le décalage horaires font de moi un vrai psychiatre en culottes courtes. J’avais comme vagues images de Las Vegas, comme tout un chacun, un gigantesque cow boy en néons parmi d’autres enseignes lumineuses à l’ancienne mode. C’est bien au Downtown qu’on les retrouvera, avec les casinos historiques de l’après-guerre et son ambiance surannée qui rappelle les décors de L’ultime razzia du regretté Kubrick. L’endroit est moins chic que le strip, mais aussi plus humain. Sa vaste avenue piétonne, Fremont Street, offre une salutaire promenade entre ses magasins et moyennes surfaces. Le spectacle est aussi au-dessus des têtes. Le toit de l’avenue est un gigantesque écran de TV sur lequel chaque soir un spectacle original est donné : un son et lumière comme jamais on n’en a vus. Bien plus impressionnant en vérité que les pyramides en toc ou les flamants moroses…
Quelques téméraires adeptes de la tyrolienne glissent à vive allure le long d’un filin tendu au-dessus des passants. Simple et attachant à la fois ! Et on y mange pour moins cher que sur le strip. Les amateurs de buffet goûteront celui du Main Street Station au décor envoûtant.
A mi-chemin entre strip et Downtown, voilà la tour Stratosphere, plus haute que la Tour Eiffel, mais sans l’intérêt du panorama parisien. A part les hôtels illuminés pas grand-chose d’intéressant ne s’offre au regard à travers l’ample baie vitrée du sommet. Certains touristes s’essayent au manège terrifiant qui s’élance par-dessus le vide, d’autres s’assoient simplement dans le restaurant panoramique qui lentement tournoie au sommet. Nous n’avons tenté ni l’un ni l’autre.

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